Même la Flandre réduit la voilure à Fourons

Il est de vieux réflexes difficiles à oublier pour le Belang van Limburg: le quotidien limbourgeois s’ouvre ce mercredi sur la réduction des subsides touristiques accordés par le gouvernement flamand à l’asbl Toerisme Voerstreeek. Et il y voit l’annonce d’une recrudescence du combat linguistique à Fourons, partagée par l’ancien bourgmestre fouronnais, Huub Broers, président de la-dite asbl.

«La plus grande erreur que la Flandre puisse commettre, c’est de penser que, depuis la conquête de la majorité par la liste flamande, tout va bien et continuera à bien aller», a-t-il expliqué à nos confrères limbourgeois.

La Flandre s’apprête à réduire drastiquement la voilure touristique à Fourons

Le Belang van Limburg rappelle que, comme commune à facilités, Fourons ne peut fusionner avec une autre commune limbourgeoise, pour partager certains frais.

«L’enseignement et la culture sont organisés à Fourons par la province de Limbourg et par la Flandre», a poursuivi Huub Broers. «Cette situation exceptionnelle vaut aussi pour le tourisme».

L’opposition francophone a un échevin à Fourons, qui dispose d’un droit de véto, a-t-il ajouté. Un poste qu’il connaît parfaitement puisqu’il l’a détenu jadis. Ce droit de véto lui permet de renvoyer certains dossiers devant le conseil communal, où Voerbelangen détient une confortable majorité. «Cela aurait un effet particulièrement négatif», a-t-il conclu, «c’est pourquoi l’asbl doit rester totalement indépendante».

Depuis les dernières élections communales, l’échevin francophone est Grégory Happart (R@L). Et le nombre de décisions auxquelles il s’est opposé au sein du collège communal, pour renvoyer le dossier au conseil communal a été depuis lors extrêmement rare…

L’asbl Toerisme Voerstreek a été créée il y a vingt-cinq ans, juste après le changement de majorité donc, pour faire pièce au Syndicat d’Initiative des Trois Frontières qui a, à l’époque, été éjecté de Fourons.

En 2024, elle bénéficiait d’un subside de 173000 euros, dans la ligne des sommes pharamineuses que la Flandre a investies à Fourons, pour en assurer la flamandisation. En 2027, ce subside ne sera plus que de 38000 euros.

«Deux des quatre personnes employées ont déjà été licenciées», commente le bourgmestre fouronnais, Joris Gaens, qui menace «si une décision politique n’intervient pas rapidement pour maintenir le subside», auquel s’ajoute un subside communal de 40000 euros, «nous ne pourrons plus payer les salaires des deux personnes restantes».

La ministre flamande du Tourisme, Melissa Depraetere (Vooruit), Fourons a bénéficié pendant un quart-de-siècle d’une situation exceptionnelle, «mais cela change maintenant. Le tourisme est une responsabilité des villes et des communes ainsi que des organisations touristiques provinciales», signale-t-elle. «Et Toerisme Voerstreek pourra toujours bénéficier de subsides de Toerisme Vlaanderen, pour différents projets, comme dans les autres régions de Flandre».

Joris Gaens espère toujours une concertation avec le cabinet de la ministre du Tourisme. «Mais jusqu’ici, nous n’avons reçu que des messages via WhatsApp ou des conversations téléphoniques», regrette-t-il.

Melina Depraetere, interrogée par le Belang van Limburg, annonce, elle, une prochaine concertation entre l’asbl fouronnais et… Toerisme Vlaanderen.

Si le gouvernement flamand annonce ainsi un tour de vis budgétaire à Fourons, la situation n’est pas plus brillante côté francophone, où le gouvernement de la Communauté française de Belgique, alias Fédération Wallonie-Bruxelles, se prête au même exercice.

Si l’attention du rapport des experts rendu public se concentre essentiellement sur le monde enseignant, la culture n’échappera pas à une réduction de ses moyens.

Les francophones fouronnais seront, eux, attentifs à ce que la solidarité francophone ne s’étiole pas. Mais ils devront sans doute, tôt ou tard, eux aussi passer sous les fourches caudines de projets à faire subsidier. Et à trouver des moyens complémentaires pour les mener à bien.

Laisser un commentaire