Le projet de parking à Fouron-Saint-Martin suscite controverse et inquiétudes

L’enquête publique se clôt ce vendredi

La clôture de l’enquête publique est fixée à ce vendredi. Et, sans être devin, on peut envisager la possibilité que l’Administration communale de Fourons reçoive un certain nombre de récriminations, à propos du projet de parking dont l’implantation est prévue au pied du viaduc ferroviaire, à Fouron-Saint-Martin. Car l’infrastructure suscite à la fois controverse et inquiétudes dans le village.

Au lieu d’un paysage naturel, les riverains immédiats verront une palissade s’élever au fond de leur propriété

les principaux concernés sont les riverains immédiats de la future infrastructure, qui, au lieu d’une nature sauvage, aménagée pour permettre le passage des muscardins (un animal protégé) d’un côté à l’autre du viaduc, verront au fond de leur jardin s’élever une palissade, destinée à masquer la trentaine de véhicules autorisés à stationner à cet endroit.

Cette palissade n’aura qu’une existence temporaire, le temps que la haie plantée à cet effet, remplisse le même office. Il n’empêche: les questions à ce propos sont nombreuses. Les premières portant sur la propriété du terrain, qui est et restera propriété d’Infrabel, le gestionnaire du réseau ferroviaire: ce terrain, jusqu’il y a peu loué par une association environnementale flamande, le sera désormais par la commune de Fourons. Pour une longue période, on imagine. Mais ce bail de location permet-il n’importe quelle reconversion du site?

D’autres interrogations, plus fondamentales, questionnent le bien-fondé du projet.

Une zone inondable

Une «rigole» serpente paisiblement à travers les fourrés

Le terrain actuel est parcouru par une «rigole» qui amène de l’eau de ruissellement vers le Foron (ou la Voer) qui s’écoule à proximité.

Les riverains voient parfois le flot gonfler.

En temps normal, cette «rigole» serpente paisiblement à travers l’herbe, mais, comme le rappelle l’administration flamande, toute la zone est située en zone inondable. Et il arrive à plus d’une reprise que le flot se gonfle, et déborde!

Le bourgmestre fouronnais, Joris Gaens (Voerbelangen), se montre rassurant: «Nous utiliserons au maximum des matériaux perméables, et nous ne durcirons ainsi le sol que de manière minimale», souligne-t-il.

Reste à voir si l’administration flamande partagera cet optimisme.

Le muscardin toujours protégé?

Toute la zone est une zone de protection du muscardin, un animal protégé en Flandre comme en Wallonie.

Ce petit animal, de 7 à 8 centimètres de long et doté d’une queue touffue presque aussi longue, est un petit rongeur qui ne sort que la nuit pour se nourrir de noisettes, Son aire d’investigation se limite à une dizaine de mètres.

Il vit dans des espaces touffus et denses, loin des parcs et des jardins. Il hiberne environ six mois par an, recroquevillé avec une dizaine de congénères, dans un nid circulaire, construit au sol et bien caché dans des buissons, des taillis et des haies. En été, un autre nid est construit dans des branchages, entre un et cinq mètres de hauteur, pour permettre à la femelle d’assurer la reproduction de l’espèce.

Cette vaste zone de transit du muscardin richement boisée sera limitée à une arcade du viaduc: le rongeur pourra-t-il s’en contenter?

«Nous avons tenu compte de la zone de transit pour les muscardins», assure Joris Gaens. «Nous maintiendrons une zone verte qui leur permettra de se déplacer, et de l’autre côté du viaduc, il y a une prairie qui constitue aussi une zone de transit, à laquelle nous ne toucherons pas. Nous ne détruirons donc pas les précédentes initiatives de défense du muscardin. Nous avons parailleurs soutenu, à d’autres endroits de la commune, diverses initiatives pour réaliser des passages écologiques pour les muscardins. D’autres projets sont d’ailleurs toujours envisagés».

La question, à cet endroit, est de savoir si la zone de transit maintenue en-dessous d’une des arcades du viaduc suffira à assurer le passage des muscardins. Et si, surtout, le voisinage réguliers d’automobiles ne finira pas par avoir raison de la présence du rongeur à cet endroit.

Risque de chutes de pierres et évacuation des véhicules

Des filets de protection ont été placés pour empêcher des chutes de pierre.. Mais seront-ils suffisants à l’avenir?

Le viaduc, construit par des prisonniers de guerre russes (on passe de la Russie tsariste) pendant la Première Guerre mondiale, constitue un des maillons importants de la liaison ferroviaire que l’occupant allemand de l’époque voulait créer entre la Flandre, et plus particulièrement le port d’Anvers, et le territoire impérial.

L’infrastructure a l’âge de ses artères: Infrabel, il y a quelques années, a placé des filets au sommet de quelques-uns de ses piliers, pour prévenir des chutes de pierre dont les conséquences pourraient être dramatiques. Ces filets, jusqu’à présent, ont fait preuve de leur efficacité. Mais ne serait-il pas dangereux d’autoriser le stationnement de véhicules au pied même de ces piliers?

C’est par ce ponceau que les véhicules débouleront dans la rue qui longe l’école francophone

L’évacuation des voitures se fera par ailleurs par un ponceau actuellement jeté sur le Foron, et qui sera, on l’imagine, muni de garde-fous, afin d’éviter qu’une fausse manœuvre jette un véhicule à l’eau. La solidité de ce ponceau a, on l’imagine, été scrupuleusement testée. À l’aune des véhicules électriques qui devraient devenir la norme à partir de 2035, et qui affichent pour la plupart un poids des plus respectables.

Mais les automobiles, une fois sortie du parking, débouleront dans une rue étroite qui longe l’école francophone de Fourons. En période de vacances scolaires, cela ne devrait pas causer trop de soucis, sauf au débouché de la rue sur la «dorsale fouronnaise», avec les problèmes de priorité à respecter. En période scolaire, cela pourrait donner lieu, par contre, à des situations plus embrouillées.e alternative?

Reste que le stationnement des véhicules pose problème à Fouron-Saint-Martin, même les personnes hostiles au projet de parking soumis à enquête en conviennent.

Des alternatives?

«Le parking de l’école francophone est très petit, et souvent, le personnel dépose ses véhicules sur le parking voisin du Centre culturel et sportif» explique un voisin. Par ailleurs, quand une manifestation d’importance se déroule au Centre culturel et sportif, le centre de Fouron-Saint-Martin est rapidement «noyé» sous le flot… de véhicules.

Si le parking du cimetière est agrandi, à l’instar du champ de repos, ne pourrait-il jouer le rôle de parking de délestage?

Un espace de parking à proximité fait donc sens. Mais des alternatives sont envisageables, expliquent les contestataires.

«Il y a par exemple le parking du Centre culturel flamand, à proximité lui aussi». Mais la Veltmanshuis est une institution privée, et son parking l’est lui aussi.

Autre idée soulevée: des terrains ont été acquis par la commune de Fourons pour permettre l’extension du cimetière actuel. «Le parking actuel du cimetière, qui est étriqué, devrait donc lui aussi être étendu», entend-on. Dès lors, ne pourrait-il lui aussi servir régulièrement d’infrastructure de délestage?

 



Un impact négatif sur la population de muscardins
L'Agence flamande de la nature et des forêts pose qu'au nord du viaduc, c'est-à-dire là où sont planifiées les 37 places de parking envisagées, "il est possible que des muscardins soient présents" et elle craint qu'ils disparaissent "en grande partie" si le projet est réalisé. "Aucune compensation n'est prévue", constate-t-elle.Infrabel dispose déjà d'un permis de défrichement, pour enlever, dans une zone de deux mètres au pied des piliers, la végétation qui pourrait constituer une menace pour eux, rappelle-t-elle. Mais ce défrichement ne peut ouvrir des brèches dans le système végétal, sans quoi le gestionnaire du réseau doit les combler.Il ne peut non plus conduire à une diminution de la surface boisée. Pour les plantations, la haie est de préférence mixte avec des essences telles que : mûre, vigne forestière, épine noire, aubépine, nerprun, rose des chiens, genêt, cornouiller rouge, ajoncs, rose de Gueldre,
noisetier, groseille à maquereau sauvage, chèvrefeuille, troène, rose, sorbier, sureau, porc, myrtille, lierre, aigre-doux, framboise et groseille. Pour les arbres, on choisira des arbres fruitiers standard: pruniers, cerisiers, pommiers, mirabelle, érables des champs, charmes, et chênes. La construction du parking a lieu dans une « zone d’expansion résidentielle »: aucun permis environnemental n'est donc requis pour arracher la prairie cultivée permanente. «Cela nous semble plutôt une inexactitude dans la mise en forme des plans», constate l'Agence.«La construction du parking peut avoir un impact négatif significatif sur la population de muscardins, car un
Une partie du lien naturel indispensable entre les habitats actuels est hypothéquée par cette construction. En outre, un
zone possible de reproduction, de repos et d’alimentation actuelle pour le muscardin va disparaître, sans qu'une compensation soit prévue dans la demande» déplore-t-elle. Ne pouvant s'opposer au projet de parking, elle réclame que la haie, le long du viaduc, soit composée d'au moins quatre type de plantations mentionnées ci-dessus. Il en va de même pour les arbres fruitiers. «Une compensation naturelle est prévue pour la bande de 50 mètres avec un habitat convenable pour le muscardin qui disparaît à cause du projet. Pour la réalisation d’un habitat supplémentaire et le renforcement du corridor, un appel à subventions est possible, note-t-elle.«Réaliser et renforcer un lien avec la nature sur le côté sud du viaduc reste l’objectif, et, pour cela, la coopération active de la Commune est attendue» conclut-elle. En suggérant que «la clôture le long du viaduc pourrait être dotée de végétation avec
lierre». Mais tout cela ne sera-t-il pas un emplâtre sur une jambe de bois?

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