L’an neuf débute par un coup de tonnerre pour l’opposition francophone à Fourons: le conseiller Michael Henen a annoncé sa démission tant du conseil communal que du CPAS, où il était élu, mais de son poste d’administrateur de l’Action fouronnaise, dont il était vice-président.
Dans sa lettre de démission, adressée à Jean-Louis Xhonneux, président du groupe Respect Avenir Libertés (R@L) sous la bannière duquel il a été doublement élu en 2018, et à José Happart, président de l’Action fouronnaise, Michael Henen évoque un «malaise latent» qu’il «vit très mal depuis de nombreux mois».

«Le fait que je dirige depuis plusieurs mois une société de musique étiquetée comme « flamande » semble créer une problématique extrêmement dérangeante aux yeux de certains que des attaques formulées à mon encontre sont répercutées jusqu’à l’extérieur des frontières fouronnaises ainsi que dans la presse», explique-t-il.
Nous avons effectivement évoqué les critiques formulées, côté francophone, à l’égard de Michael Henen lorsqu’il a pris la direction des cuivres d’une société de tir flamande, et n’avions pas par ailleurs caché que ces reproches avaient suscité une réaction de soutien en sa faveur, ni que des critiques similaires avaient été clôturées côté flamand, à l’égard de la société de tir, pour avoir confié la direction de ses cuivres à un élu R@L très engagé.
Mais, si l’on en croit la missive de Michael Henen, cet incident semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Car l’élu francophone aborde aussi son engagement politique chez Défi (l’ancien FDF), «un parti qui ne reçoit pas l’assentiment d’une majorité de personnes au sein de nos cénacles, que ce soit à l’Action fouronnaise ou le groupe Respect Avenir Libertés», poursuit-il.
Cet engagement lui a valu, mentionne-t-il «de nombreuses critiques depuis 2012 (parti « de droite », optique bruxello-centrée, posture opportuniste, risque de changement d’attitude des pouvoirs subsidiant nos associations, et j’en passe…».
Puisque «le cumul de mes fonctions actuelles crée une problématique dérangeante aux yeux de certains», conclut-il, et dès lors que «les attaques dont je fais l’objet (…) semblent légitimes aux yeux de la plupart de mes collègues conseillers et des autres administrateurs», Michael Henen a considéré qu’il ne lui paraissait «aucunement opportun de tourner le dos à une activité qui fait appel à mes compétences professionnelles». Et il a donc décidé de se retirer.
Malaise
La démission-surprise de Michael Henen va ébranler l’opposition francophone, à moins de deux ans du prochain scrutin, tant au niveau du conseil communal qu’au sein du CPAS fouronnais. Non seulement parce que, depuis son élection, à l’instar de la plupart de ses colistiers, il s’est montré un mandataire actif, pour la défense des Fouronnais francophones, mais aussi pour poser des questions pertinentes relatives à la gestion des deux instances. Des deux raisons qu’il invoque pour expliquer son retrait, seule, la seconde était parvenue à nos oreilles. Mais sans que nous mesurions l’ampleur de la polémique rampante qui semble s’être installée à ce propos. Nous y avions perçu, à l’origine, en partie un choc générationnel entre des élus de 2018 et les acteurs de longue date de la saga fouronnaise, et en avions tiré le constat, puisque des critiques similaires avaient été formulées dans le clan flamand, que l’affrontement linguistique reste bien central sur le terrain fouronnais. C’est dans cette perspective, sans doute, que Michael Henen s’était engagé au FDF, devenu Défi depuis lors. Un parti effectivement implanté essentiellement à Bruxelles, mais dont la volonté de s’étendre à la Wallonie s’est manifestée par le dépôt de listes en Région wallonne lors des derniers scrutins. Et si l’origine des tensions communautaires en périphérie bruxelloise n’est pas identique à celle du conflit fouronnais, leurs effets, notamment avec le refus des autorités flamandes de nommer des bourgmestres présentés par la majorité du conseil communal, ont rappelé des souvenirs vivaces à tous les vétérans du combat fouronnais. Officiellement, la solidarité francophone reste le leitmotiv des Fouronnais francophones. Les remous évoqués par Michael Henen à propos de son engagement paraissent donc assez incongrus. Ils sont suffisamment forts pour l’avoir amené à la décision radicale qu’il a prise. Dont les remous risquent de mettre du temps à s’apaiser.
