Fait rarissime au conseil communal de Fourons ce jeudi: des Flamands et des Francophones ont partagé la même indignation, devant l’augmentation de la taxe sur les nuitées en gîte: il faut dire que la vingtaine de spectateurs présents étaient tous propriétaires de gîtes. Et que la majorité Voerbelangen envisageait au départ rien moins que de… quadrupler la taxe, la faisant passer de 30 à 120 euros d’un seul coup.
La pilule, apparemment, était trop amère : la taxe, approuvée majorité flamande contre opposition francophone, passera de 30 à 80 euros par lit… d’une personne (un lit pour deux personnes sera donc doublement taxé) l’an prochain, puis à 100 euros pour 2024 et 2025. Ce qui signifie néanmoins qu’elle fera plus que tripler en deux ans! En attendant peut-être encore plus après 2025?
Le débat n’est pas uniquement en cours à Fourons. Dans l’arrondissement de Verviers, la réflexion s’est ouverte en conseil communal à Theux, cette semaine, sous l’impulsion de l’ancien bourgmestre, Philippe Boury. Spa y réfléchit également, et Plombières, la commune voisine de Fourons, a mis en place une taxation particulière des gîtes, il y a quelques années déjà.
Un des axes de la réflexion, dans toutes ces communes, est la difficulté pour les jeunes de trouver un logement à un prix raisonnable, alors que de plus en plus d’habitations se muent en gîtes touristiques.
À Fourons, le bourgmestre, Joris Gaens (Voerbelangen) a évoqué lui aussi le risque de voir les prix des habitations, moins disponibles, devenir hors de portée des jeunes Fouronnais(es). Mais c’est déjà le cas depuis de très nombreuses années, avec «l’invasion hollandaise» qui a entraîné une surenchère immobilière. Et c’est surtout d’équilibre entre le tourisme et la vie quotidienne des habitants qu’il a été question ce jeudi: en 2012, on y avait dénombré 95000 nuitées dans la commune; en 2020, elles se chiffraient à 186000.
«Le tourisme prend une place de plus en plus importante» dans notre économie, explique Joris Gaens, «mais la qualité de la vie dans le cœur de nos villages doit être maintenue pour les habitants».

Pour motiver sa décision, la majorité flamande s’est appuyée sur une enquête menée dans la commune sous la direction de Toerisme Vlaanderen. Et elle entend traduire cette enquête dans une «nouvelle vision», qui vise à maîtriser le flux touristique, mais aussi, au passage, à assurer un pactole intéressant pour les finances communales.
Pour l’an prochain, le mayeur fouronnais annonce ainsi une campagne de sensibilisation des touristes «à la qualité et à la vulnérabilité» du paysage fouronnais. Et il en espère une «compréhension réciproque entre les habitants de la commune et leurs visiteurs».
Ce discours en forme de vœu pieux n’a pas vraiment réussi à convaincre les propriétaires de gîtes. Ni l’opposition francophone.
«Depuis des années, vous avez puissamment promu le tourisme dans le paysage fouronnais, et maintenant vous faites volte-face d’un seul coup», a réagi le conseiller R@L Michael Henen. Surtout, l’élu francophone a accusé la majorité flamande de préparer une «sélection naturelle», car de nombreux propriétaires qui exploitent un petit gîte en activité complémentaire, n’auront «d’autre choix que de mettre la clé sous le paillasson», avec l’augmentation drastique des taxes qui vont les frapper.
La majorité, en réplique, a brandi les exceptions prévues pour les agriculteurs en activité, à qui l’exploitation d’un gîte permet de soutenir la viabilité de leur entreprise.
Le bourgmestre, Joris Gaens, toujours dans le cadre de cette «nouvelle vision» du tourisme à Fourons a annoncé un futur «plan communal de stationnement».
La conseillère R@L, Clotilde Mailleu, elle, est revenue sur les dangers constitués dès à présent par les divers rétrécissements de chaussée destinés à ralentir le trafic, mais où aucune priorité de passage n’est définie.
Déjà interpellée une première fois à ce propos, la majorité a répété que le propos est d’inciter tout le monde à lever le pied. Ce que réussissent efficacement à faire des zones de rétrécissement successives aux priorités alternées. Et où, en cas de collision, la responsabilité des usagers n’est pas partagée.
L’élue francophone s’inquiétait également des plaques d’avertissement sous des panneaux de limitation de vitesse rédigées uniquement en néerlandais: le bourgmestre a convenu qu’il y avait là un manquement… dont la Commune n’est pas responsable, puisque ce n’est pas elle qui a installé ces panneaux.
Michael Henen n’a pas été plus heureux en réclamant sur les pistes cyclables des panneaux incitant les cyclistes à adopter des règles de comportement conviviales, et obligeant chaque vélo à être équipé d’une sonnette d’avertissement.
La majorité les lui a refusés en invoquant le risque de… pollution sonore des cyclistes. En supposant que ces derniers s’amuseraient, sans doute, à carillonner tout au long de leur parcours? Il suffirait pourtant de les sensibiliser, tout comme les futurs touristes qui viendront se répandre dans le paysage fouronnais…
