
Se référer au cinéaste italien Federico Fellini dans une intervention politique est une démarche rare. Mais Clotilde Mailleu, jeune conseillère communale francophone… et parfaite bilingue, voulait sortir du traditionnel affrontement fouronnais en interpellant le bourgmestre, Joris Gaens (Voerbelangen) pour en appeler à une «ouverture d’esprit… à une autre vision afin d’impliquer tout le monde dans un « vivre ensemble » à Fourons».
Sa référence à Fellini? Une citation –«Une langue différente est une vision différente de la vie»– rappelée par l’élue R@L (Retour aux Liberté). Le contexte? Un appel de la Croix-Rouge aux donneurs de sang et une action de prévention du cancer du sein chez les femmes annoncés uniquement en néerlandais.
«Pourquoi un appel de la Croix-Rouge n’est-il écrit qu’en néerlandais ? Ne serait-il pas utile que les francophones se sentent également concernés ? On entend partout qu’il y a une pénurie de sang, cela ne pourrait-il pas déjà faire partie de la solution ?» a interrogé Clotilde Mailleu. «Bien sûr, vous pouvez comprendre l’essence d’une telle action. Mais jusqu’où pourrions-nous amener les gens s’ils se sentent toujours concernés. Un message, un appel à l’aide dans votre langue maternelle» a-t-elle ajouté, à propos de la prévention du cancer du sein.
«Faisons des actions qui concernent le bien-être de nos habitants dans les deux langues» a-t-elle conclu. «Comment cela pourrait-il être possible? En publiant un bel article dans le bulletin d’information de la commune, sur le site internet, etc.»
Interpellé, le mayeur fouronnais a montré qu’il connaissait le cinéma de Federico Fellini «où la frontière entre les souvenirs et l’imaginaire est souvent difficile à tracer».
Attaché au «patois fouronnais» parlé à une large échelle, Joris Gaen a expliqué que «les frais de traduction coûtent énormément à notre commune» (NB: le prix à payer pour le transfert au Limbourg, en 1962, contre l’avis des populations locales) et ne pas vouloir imposer ce prix à des associations «privées, qui doivent faire beaucoup d’efforts pour rassembler les moyens» de leurs actions.

Quant à des articles dans les deux langues dans le bulletin communal, «je vous rappelle que Fourons n’est pas une commune bilingue mais une commune unilingue flamande avec facilités pour les francophones» a-t-il opposé. Et de conclure qu’en tant que bourgmestre «je ne peux transgresser une loi qui résulte d’un accord politique entre Flamands et Francophones». Le tout sous le regard approbateur de son prédécesseur, Huub Broers, installé dans la tribune réservée au public, et qui n’aurait pas renié un iota de la réponse.
«Je regrette que vous n’opposiez que la loi au rêve de Fourons qui pourrait être un exemple de communes où les deux communautés pourraient vivre ensemble», a déploré Clotilde Mailleu.
Plus avant dans l’ordre du jour, à propos d’un règlement relatif au prêt de jouets de plein air, incluant un terrain de football panna, compresseur compris, l’élue R@L est revenue à la charge en demandant si des formulaires en français seraient disponibles pour les amateurs.
«Je regrette, mais selon la loi linguistique, les formulaires ne doivent pas être traduits» a répondu Joris Gaens. Selon la version flamande, non coordonnée de la loi, pour être tout à fait précis.
«Je retiens que vous aviez dit que vous regrettiez» a conclu, fine mouche, Clotilde Mailleu.
